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Un pasteur révolutionnaire auprès des défavorisés

© Alliance Presse
Interview. Voilà 65 ans qu’Ernst Sieber vient en aide aux sans-abris et aux marginaux. Sans s’essoufler, ce pasteur trouve sa motivation dans la certitude que Dieu l’appelle à servir son prochain. Un mot d’ordre qu’il invite chacun à faire sien

Un pasteur révolutionnaire auprès des défavorisés
Interview. Voilà 65 ans qu’Ernst Sieber vient en aide aux sans-abris et aux marginaux. Sans s’essoufler, ce pasteur trouve sa motivation dans la certitude que Dieu l’appelle à servir son prochain. Un mot d’ordre qu’il invite chacun à faire sien
Connu comme le pasteur des sans-abris, Ernst Sieber nous exhorte à modifier notre comportement envers les demandeurs d’asile. Depuis qu’il a été sauvé miraculeusement à la suite d’un accident de voiture, il s’engage sans relâche envers les marginalisés. Il nous raconte ce qui l’a motivé dans son service durant plus d’un demi-siècle.

Où avez-vous appris la générosité ?
J’ai vécu très souvent la générosité de la part de ma mère, qui m’a gratifié d’un grand soutien. Je suis aussi ébahi par la générosité de Dieu, qui se révèle notamment dans sa création. Avez-vous déjà regardé les récifs coralliens en Australie ? Je suis fasciné que Dieu nous ait donné une telle création.

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Vous faites preuve de beaucoup de sensibilité dans votre manière de vous approcher des personnes marginalisées. Pourquoi aimez-vous précisément ces gens-là ?
Je n’appellerais pas ces personnes «marginalisées», car elles ne se trouvent pas en marge. Elles font partie de notre société et sont donc parmi nous. Néanmoins, l’amour de Dieu peut aussi être trouvé en marge de la société.

Comment vivez-vous votre travail quotidien avec ces personnes ?
Je m’émerveille souvent de la façon dont elles réagissent par rapport à moi. Elles apprécient mon travail et veulent être en contact avec moi. Je ne ressens pas de rejet. Je prends toujours plus conscience que nos contemporains ont besoin d’aide et qu’ils l’acceptent volontiers : ils sont contents que quelqu’un s’approche d’eux.
Le fait de vivre en Suisse vous aide-t-il à mener à bien votre mission ?
Ici, je peux être librement un serviteur de Dieu. Je n’ai été confronté qu’à très peu d’obstacles politiques. Dieu s’est toujours tenu à mes côtés. En revanche, la population suisse doit se demander si elle agit avec dignité envers les requérants d’asile. Ce sont des êtres humains ! Le préambule de la Constitution fédérale commence par ces mots : «Au nom du Dieu Tout-Puissant». Je pense que la politique devrait davantage s’aligner à ce credo. Il ne s’agit pas de «au nom du peuple sans défense» !
Avez-vous des modèles qui façonnent votre vie ?
Martin Luther King est pour moi un grand modèle. Il a compris l’Evangile dans un sens politique et l’a transmis au peuple. François d’Assise est également un exemple, parce qu’il a vécu dans la pauvreté. Mais le plus grand modèle reste bien sûr Jésus lui-même.

En quoi Jésus est-il particulièrement votre modèle dans votre travail quotidien ?
Dieu s’est fait homme à travers Jésus et il a vécu parmi les hommes. De la même manière, je veux devenir homme et servir mes semblables. Jésus a déclaré : «Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites» (Evangile de Matthieu, chapitre 25, verset 40). Voilà exactement ce que je veux vivre dans mon quotidien.
Chaque jour, je peux ainsi rencontrer Dieu en aidant mes frères. Beaucoup de gens oublient malheureusement que les personnes dans le besoin sont également leurs prochains.

Cela fait déjà 65 ans que vous êtes au service des sans-abris et des marginalisés. Vous n’avez donc jamais regretté cet engagement ?
Non, jamais.

Sinon, qu’auriez-vous fait d’autre ?
Difficile de répondre ! Je serais tout de même devenu pasteur. La communauté m’a toujours servi de base dans mon service.
Les gens que j’ai rencontrés dans la rue venaient souvent à l’église. C’était également la raison pour laquelle l’église était bondée le dimanche. Sans la communauté, je n’aurais pas pu le faire.

Quel est pour vous le plus grand paradoxe dans le monde ?
La crucifixion de Jésus est à mes yeux le plus grand paradoxe de l’histoire. Un homme parfait et sans péché devait mourir. Dieu est venu sur terre par Jésus-Christ dans le but de mourir pour les péchés du monde : cette vérité est certes incompréhensible, mais réelle.

Un homme riche peut-il vous impressionner ?
Oui, il le peut. Un homme riche m’impressionne lorsqu’il partage ses richesses avec les autres.

Une question personnelle pour conclure : quel est votre vœu de Noël ?
Je souhaite pouvoir continuer d’être au service de Dieu. On m’a dit que j’avais eu beaucoup d’anges gardiens lors de mon accident de voiture. Si Dieu en a placé autant à mes côtés, je pense qu’il me veut encore à son service

Propos recueillis par Steven Giger


Ernst Sieber

Ernst Sieber est né le 24 février 1927 dans le canton de Zurich. Il a commencé son parcours professionnel en tant qu’ouvrier agricole en Romandie et est diplômé de l’école d’agriculture de Strickhof. Il a obtenu sa maturité en cours du soir et a étudié la théologie. Il a été pasteur de 1956 à 1992, année de sa retraite.

La première communauté de sans-abris est constituée lors du rude hiver 1963, dans un bunker sur la place de l’Helvetia à Zurich. Plusieurs suivront au fil des décennies.

Ernst Sieber a initié de nombreux centres tournés vers la relation d’aide, la désintoxication, la thérapie, le travail parmi les sans-abris et la médecine sociale.

Ernst Sieber est marié à la chanteuse Sonia Sieber Vassalli. Ils ont élevé ensemble leurs quatre enfants, ainsi que quatre enfants adoptés.

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