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Généreux: «Dieu a rassemblé les morceaux de verre de ma vie»

© Alliance Presse
Vécu. Après avoir cambriolé plusieurs banques et offices postaux, Ruedi Szabo a passé six ans en prison. Aujourd’hui, il accompagne des jeunes gens fragiles pour la Croix Bleue

Moi aussi, j’avais ma représentation des cambrioleurs de banque. Vous savez, ceux qui sont capables de menacer une mère et ses enfants avec un pistolet. Cambrioleur repenti, Ruedi Szabo n’entre pas vraiment dans cette description. Et aujourd’hui, il ne viendrait à personne qui le croise d’imaginer que cet homme a été impliqué, de loin, à une série de cambriolages de banques.
Sa peine, il l’a purgée depuis longtemps. Depuis sa libération de prison, il a réussi à rester «clean». La difficulté n’a pas été seulement la lutte pour survivre. Il a été confronté à de nombreux préjugés, à la culpabilité, au doute et bien plus. Qui veut faire confiance à un ex-cambrioleur de banque, qui a passé six années en prison ?

Dans l’engrenage
Le scénario semble pourtant bien parti : mariage, enfants et sa propre entreprise. Mais en 1995, c’est la chute. Ruedi Szabo rassemble les souvenirs de cette époque : «En novembre de cette année, après ma demande de divorce, ma femme a exigé une pension de 6200 francs suisses pour elle et nos cinq enfants. A la même époque, la banque a dénoncé un crédit.»
Ruedi Szabo se retrouve rapidement au bord de la faillite et obligé de licencier des collaborateurs. «Ils partageaient ma frustration et ma colère, lorsque je leur disais, sur le ton de la plaisanterie, que “je ferais mieux de me servir d’argent moi-même à la banque”. En effet, en tant que sous-officier des grenadiers, je m’étais entraîné au combat rapproché». Sa colère contre les banques le pousse alors à imaginer des plans de vengeance. Fini la plaisanterie. Trois de ses employés lui assurent leur soutien. Jusqu’à leur arrestation, le 14 février 1996, ils cambrioleront sept filiales de banques et autres bureaux postaux. Avec pour butin, quelque 400  000 francs suisses.
Fin d’un chapitre de vie pour Ruedi Szabo. «Mon arrestation a été un véritable soulagement, car j’étais persécuté de toutes parts». L’entrepreneur est condamné à neuf ans de prison.

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Besoin de se racheter
Après six ans de détention, il est libéré pour bonne conduite. Ruedi Szabo suit une formation pédagogique ainsi qu’une formation continue d’anti-agressivité. Il décroche finalement un emploi de travailleur social dans la région bâloise. Sa mission : s’occuper des alcooliques, dans un foyer de la Croix Bleue.
Son engagement dans le domaine de la prévention, Ruedi Szabo le considère comme une façon de se racheter. Dans ce cadre-là, il reprend contact avec ses compagnons cambrioleurs. Il leur écrit une lettre et leur demande pardon. Tous ne lui répondent pas ou ne donnent pas suite à sa proposition de les revoir.
Accompagné durant ces retrouvailles par la présidente d’une association d’aide aux victimes, Ruedi Szabo prend conscience des effets collatéraux de ses délits. «Une femme a subi une crise nerveuse suite à un cambriolage. Depuis, elle n’a jamais réussi à retravailler à plein temps», raconte le braqueur repenti.

Les bienfaits du pardon
«Parfois, je me débats moi-même avec la question du pardon. Ma foi en Dieu n’est-elle que fuite devant ma responsabilité face aux victimes ?» Pourtant, la rencontre avec ses anciens compagnons de brigandage lui apprend à voir les choses sous un autre angle.
Il a longuement réfléchi à ce que ses victimes avaient pu ressentir à son endroit. «Lorsque nous pardonnons, nous n’approuvons pas pour autant ce que l’autre a fait. Il est tout à fait légitime de trouver l’agression injuste, criminelle et démesurée. Mais le pardon est le choix de ne pas se laisser influencer négativement durant toute notre vie, alors que l’agression en tant que telle demeure : on ne devient pas meilleur par le seul fait du pardon.»
Ruedi Szabo juge-t-il justifiée la peine prononcée contre lui ? Son «oui» direct semble crédible. J’ai en face de moi quelqu’un qui sait ce qu’il a fait. Il n’essaie pas d’esquiver son passé, sans pour autant en rester à ruminer sans fin ses déceptions, ses échecs ou à se faire des reproches personnels.

Pardonné, il a compris la générosité de Dieu
S’il y a bien une chose dont Ruedi Szabo est convaincu, c’est que Dieu a pardonné ses erreurs. «J’ai trouvé une paix intérieure. Mon énergie criminelle a détruit ma vie. Nombreux sont ceux qui, suite à un échec, ont l’impression d’être assis sur une montagne de briques de verre. Cependant, et c’est la bonne nouvelle de la Bible, Dieu a reconstruit ma vie à partie de ces débris
Après avoir quitté Ruedi Szabo, notre discussion continue à me faire réfléchir. La Bible nous montre, par les paroles de Jésus-Christ, par sa mort et sa résurrection, qu’il est possible de se réconcilier avec nos échecs et de découvrir un chemin nouveau pour construire notre vie.

Ruedi Josuran

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