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Sommes-nous programmés pour croire?

Depuis quelques années, les scientifiques sont sur la piste des agents chimiques et des gènes de la foi.

Le cerveau humain est génétiquement programmé pour croire. Les neurosciences l’observent depuis qu’elles se sont attaquées au sentiment et à l’expérience religieuse, dès les années 2000.

Une première découverte a été obtenue par la technique de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sur des croyants en prière ou en méditation : la sensation d’union avec le cosmos ou de fusion mystique se produit lorsqu’une zone précise du cerveau cesse ou presque son activité. Cette zone est précisément connue comme le siège du sens de la différence entre soi et le monde extérieur.

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Cette découverte du professeur André Newberg de l’université de Pennsylvanie aux États-Unis concordait avec les travaux menés dans les années 90 sur la modification des états de conscience chez des toxicomanes. Les mystiques, grâce à leurs exercices, parvenaient à des états semblables à ceux des consommateurs de stupéfiants.

Sérotonine
Une deuxième découverte a établi un lien entre la religiosité (ou tendance à voir le monde comme habité par une présence) et une molécule en particulier, la sérotonine. Ce neurotransmetteur chargé de faire le lien entre les synapses du cerveau était déjà connu pour jouer un rôle dans les sensations de faim et de sommeil, par exemple. C’est l’équipe du professeur suédois Jacqueline Borg qui a établi cette relation sur un échantillon de quinze volontaires. En l’état et selon les scientifiques, la sérotonine serait une parmi de nombreuses autres molécules impliquées dans le phénomène.

Des vrais jumeaux à la rescousse
Même les gènes seraient concernés. La question d’un gène de la foi est actuellement à l’étude, notamment sur des paires de vrais et de faux jumeaux, mais les résultats ne sont pour l’heure pas probants.

L’espoir des chercheurs est d’un jour parvenir à décrire complètement le mécanisme religieux dans le cerveau, de parvenir à une véritable cartographie cérébrale de la foi.

Le cerveau humain programmé pour croire? Oui. Mais par qui ? Entre Dieu et le cerveau, qui est l’œuf et qui est la poule ? Sur cette question, les neuroscientifiques avouent que le mystère reste entier.

(jr)


Pas de match entre foi et neurosciences

Les découvertes des neuroscientifiques n’inquiètent pas le moins du monde un croyant comme le neurobiologiste et professeur lausannois Peter Clarke : «Toutes les expériences humaines sont en rapport avec une activité cérébrale. Je n’ai aucun problème à croire que mon cerveau a été génétiquement conçu pour encourager la croyance religieuse, comme je crois aussi qu’il a été conçu pour encourager la communication entre personnes.»

Il n’y aura donc pas de match ni de vainqueur entre foi et neurosciences. «Je m’attends même à ce que les neurosciences finissent par tordre le cou à l’idée d’une âme immatérielle», poursuit Peter Clarke.

Pour le scientifique, cette conception est héritée de la philosophie grecque qui postule l’esprit et la matière comme deux mondes hermétiques l’un à l’autre. «La Bible évoque au contraire une âme incarnée.»

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