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Il vend son âme sur internet

© Alliance Presse
Pris à son propre jeu, un étudiant athée a visité une dizaine d'offices religieux. Son regard sur les Églises est intéressant à plus d'un point de vue. Et qu'en pensent ceux qui vivent les célébrations de l'intérieur? Les motivations comme les offres sont variées.

Hemant Mehta est un jeune étudiant en mathématiques à l’Université DePaul de Chicago, issu d’une famille indienne. Bien que militant athée, il se demande si quelque chose ne lui a pas échappé. Ni une ni deux, il se décide à vendre son âme au plus offrant sur e-bay. Plus exactement, il promet de suivre un office religieux par tranche de dix dollars du prix le plus élevé proposé.
Le 3 février dernier, parmi la quarantaine d’enchères, ce sont les 504$ d’un personnage tout aussi original qui l’ont emporté : Jim Henderson, un chrétien évangélique de Seattle, qui après vingt-cinq ans de pastorat, est devenu peintre en bâtiment.

Expérience interculturelle
L’idée de Jim Henderson n’est pas de sauver une âme, mais de se lancer dans une forme d’expérience interculturelle : voir l’Église au travers d’yeux extérieurs. Il renégocie le marché avec Hemant Mehta : plutôt que d’assister à cinquante heures de culte, ce dernier ira visiter une douzaine de communautés chrétiennes dont il évaluera le prédicateur.
La première communauté que Jim Henderson visite en compagnie de son âme damnée est l’Église St Patrick Vieille de Chicago, pour la messe de midi. Trois sur dix pour la prédication. Commentaire : «Il faudrait plus de récit et moins de liturgie.»
À l’Église évangélique indépendante de Quartier Park, Hemant Mehta reproche au prédicateur d’avoir cité à qui mieux-mieux une parole de l’apôtre Paul sans expliquer en quoi elle concernait l’assemblée.
Prochain point de chute sur sa liste : une méga-Église afro-américaine. Là, c’est un certain communautarisme qui le frappe : la louange est d’une intensité incomparable avec une Église de blancs («ils peuvent aller se rhabiller») mais le pasteur «a parlé comme un politicien noir et non un ecclésiastique», note Hemant Mehta.

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Église dans un salon
La réunion de prière à l’école Moody le heurte profondément. Il ne goûte pas les prières adressées pour des personnes qui n’ont rien demandé ou qui ne savent pas qu’on prie pour elles (incroyants d’ici et d’ailleurs, notamment).
Hemant Mehta visite encore une réunion de maison, dans le salon du pasteur. Et d’apprécier la convivialité, le partage de difficultés personnelles et l’étude biblique permettant d’approfondir et d’échanger des points de vue : «Un type de réunion qu’aucun athée ne contesterait», commente-t-il.

Toujours athée
Aux trois quarts de son pensum, l’étudiant se dit toujours athée. Mais son image des Églises a changé: «J’avais en tête des rassemblements ennuyeux ou tirés à quatre épingles. Je ne pensais pas que les fidèles se réjouissaient autant de leur rendez-vous dominical. Partout, l’aspect communautaire était incroyable et la diversité des âges étonnante. J’ai en outre trouvé les prêches intéressants.»
Sur le site internet de Jim Henderson (off-the-map.org), vous pouvez retrouver les protagonistes de cette histoire. Les discussions vont bon train et la démarche de Hemant Mehta a fait école. (jr)


Pourquoi vont-ils donc à l’Église?

Pourquoi les gens vont-ils à l’Église ? La diversité des réponses explique sans doute la diversité de célébrations proposées par les Églises chrétiennes.

Nombreux sont ceux qui apprécient le côté relationnel de la rencontre dominicale. Nathalie, responsable RH à Genève, explique qu’elle «aime rencontrer et parler avec des gens qui partagent ses convictions». Certaines Églises cultivent le goût du contact et organisent un apéro convivial à l’issue de leur célébration.

Mais cet aspect communautaire dépasse «l’être ensemble». Valérie, web-designer, affirme que la présence des autres l’encourage dans sa propre foi : «Entendre ce que les autres vivent avec Dieu m’est précieux.»

Pour Daniel, éducateur, le culte constitue un lieu de ressourcement dans sa semaine, «l’occasion de prendre du recul par rapport à la vie, de me recueillir, de me reconnecter à Dieu et de me laisser édifier».

La communauté, un facteur de développement personnel ? Daniel n’est pas le seul à le croire. Une récente étude sur le protestantisme évangélique du sociologue neuchâtelois Olivier Favre montre que la fréquentation du culte est considérée par 92 % des évangéliques comme l’occasion «d’entendre la parole de Dieu».«Mais c’est davantage en fonction des amitiés et de la musique notamment que les croyants évangéliques choisissent de rester dans une Église», précise-t-il.

Pour Nadine, mère de trois enfants, le programme d’enseignement biblique pour les enfants a été le critère déterminant dans le choix d’une Église. «Je souhaite que mes enfants grandissent dans la foi», confie-t-elle. (cw)

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