Skip to content

Ils se sont sentis seuls et en témoignent

© Istockphoto
Vécus
Moisés, Henri, Mélissa, Pessy, Marion

La solitude: l’occasion de faire la paix avec soi-même

Publicité

Je connais la solitude, ce sentiment de manque d’affection sur le plan social et sentimental. Depuis un an, je ne sais pas très bien comment interagir avec les autres. Le pouvoir de la compagnie physique ne sera jamais comparable à une image sur un écran. Alors je contacte certains de mes amis pour organiser des rencontres à l’extérieur et sentir à nouveau qu’on a un lien. Cela m’a aidé à surmonter l’angoisse de l’isolement. Mais en même temps, la solitude en soi n’est pas mauvaise et elle peut même nous apprendre beaucoup de choses. On peut craindre de faire face à soi-même, ses craintes, ses défauts, le «bruit» de ses pensées et émotions, sa culpabilité, etc. Mais c’est peut-être le moment de faire la paix avec soi-même, de se pardonner et d’accepter le pardon de Dieu grâce à l’œuvre de Jésus-Christ. Dans le silence de la maison, on est physiquement seul, mais en esprit on ne l’est jamais (Matthieu 28, 20). Je n’ai pas peur de la solitude, elle m’a appris plusieurs leçons: je suis sûr de qui je suis, je n’ai plus besoin de la reconnaissance des autres pour vivre et j’ai pu passer davantage de temps avec Dieu. Peu à peu, j’ai compris cette solitude et j’ai appris à l’apprécier. De plus, j’ai également appris à m’entourer. Malgré la situation, il est nécessaire de trouver un juste équilibre, car nous passerons peut-être plusieurs années avec ce virus et nous devrons accepter de vivre avec. Mais malgré la pandémie, je sais que je ne douterai jamais de l’amour de Dieu et qu’il ne me laissera pas seul.

Moisés, 28 ans

Briser la solitude en allant vers les autres

Je suis veuf depuis trois ans, après plus de quarante ans de mariage. J’ai passé trois années sans recevoir aucune visite. Au début, je cuisinais, j’invitais du monde et les gens venaient. Ma femme a eu un cancer du pancréas douloureux. Avant son départ, il y avait toujours beaucoup de monde à la maison, mais ensuite, plus personne. J’ai été surpris d’entendre plusieurs personnes faire le même constat que moi: on ne vient pas visiter quelqu’un qui a perdu un être cher.
J’habite dans une vallée alsacienne et ma maison se situe au fond d’une clairière. Je suis seul toute l’année. Quand je rentre à la maison, c’est le calme complet. J’éprouve la solitude le matin et le soir parce que je ne veux pas fuir devant la télé, alors je partage mon temps entre la lecture, la prière et le travail physique. Durant la journée, je pars faire des randonnées, je fais mon jardin et je coupe du bois.
Pour moi, le toucher est très important. J’étais autrefois infirmier à domicile. Alors face à la solitude, la clé est désormais de m’occuper des autres. Avant, je me rendais chaque hiver à Madagascar. Je m’occupais des pauvres et cela me faisait du bien. Pour la première fois je n’ai pas pu m’y rendre cette année mais je ne m’en plains pas. Je rends service à droite et à gauche. Je vais visiter les malades et me rends souvent dans les maisons de retraite même si c’est un peu plus compliqué aujourd’hui. Je vois la joie des résidents de me retrouver: j’essaie de leur apporter quelque chose et de les encourager. La solitude, on la brise en allant vers les autres. Donner et se montrer généreux, cela comble, qu’importe l’origine de la solitude.

Henri, 70 ans

«Je ne peux pas retourner en Australie»

L’an dernier, je montais dans un avion depuis l’Australie vers le Royaume-Uni. Trois semaines après mon arrivée, le monde entier a commencé à se verrouiller.
Ce qui était censé être un court séjour d’études s’est très vite transformé en un voyage où je me suis retrouvée coincée dans un pays étranger. Je me sentais parfois assez isolée mais j’ai vu la bonté et la fidélité de Dieu dans ces moments. J’ai par exemple dû déménager en France alors que mes vols retours vers l’Australie ont été annulés en juillet 2020 en raison des contrôles aux frontières australiennes. Là encore, il n’a pas été facile de s’adapter à un pays complètement différent. J’y habite aujourd’hui depuis six mois et je prie que Dieu me donne petit à petit le sentiment d’appartenir à cette communauté.

Je me sentais isolée mais j’ai vu la bonté et la fidélité de Dieu

Si je n’avais pas déménagé au Royaume-Uni comme je l’ai fait, il ne m’aurait pas été possible de déménager en France et de commencer à apprendre le français. Ma relation avec Dieu s’est donc renforcée et j’ai été obligée de compter sur lui chaque jour. Il pourvoit; je peux le voir depuis mon arrivée. Il y a toujours des jours où je me sens seule mais je sais que Dieu est là. Il me rappelle, en cette saison de vie, sa fidélité et son amour.
Dans de nombreuses situations, j’ai pu voir des miracles se réaliser. Si je suis toujours empêchée de retourner en Australie aujourd’hui et si je ne sais pas quand cela sera de nouveau possible, je sais que, en son temps, Dieu le permettra. Je sais qu’au bout de cette épreuve, je serai reconnaissante de ce qu’elle m’aura appris même si cela n’aura pas été le plus facile des voyages.

Mélissa, 29 ans

Confinée à l’autre bout du monde

J’ai vécu le premier confinement en France entourée de mes proches. Ensuite, j’ai quitté la France et je me suis installée à Montréal, où j’ai vécu un deuxième confinement. J’étais donc seule cette fois-ci, et obligée de faire face aux défis d’un déménagement à l’étranger, dans un autre contexte de mesures sanitaires et de restrictions sociales.
Rechercher une nouvelle Eglise s’est révélé être une étape particulière pour moi. Ce n’est pas facile de construire des liens avec une communauté quand la plupart des rencontres se vivent désormais à distance. Je traverse la solitude un peu comme des «montagnes russes» émotionnelles que je surmonte par des coups de fils réguliers à mes proches et des activités créatives et sportives.
Et surtout, je reste accrochée à Jésus, qui reste l’ami fidèle par excellence. Je suis reconnaissante d’avoir pu faire la connaissance d’autres croyants qui m’ont manifesté beaucoup d’amour dans ce temps de solitude à travers une invitation ou en m’apportant spontanément une belle part de gâteau au chocolat! Malgré la difficulté encore actuelle de développer de nouvelles relations, l’amitié que j’ai reçue a donné une toute autre saveur à la solitude que je vivais à ce moment-là. J’ai pu voir à quel point Dieu, dans son immense bonté, continuait à prendre soin de moi. J’ai pu ainsi vivre dans sa paix la solitude durant la saison du Covid.

Pessy, 34 ans

La solitude ne se guérit pas que par le mariage

J’ai grandi dans une famille dysfonctionnelle qui a conduit mes parents à divorcer. A l’aube de mes dix-huit ans, mon objectif de vie était de fonder une nouvelle famille, unie. Je n’ai rencontré mon mari que dix ans plus tard.
Je croyais en fait que le sentiment de solitude profond que je ressentais était lié au célibat mais les racines étaient ailleurs. Je ressentais d’abord une solitude intérieure très intense. Il m’a fallu du temps pour identifier que c’était le vide en forme de Dieu que chacun porte à l’intérieur de soi. J’ai appris à laisser Dieu le combler. J’ai aussi pris conscience que je portais la solitude de l’enfant que j’étais et qui souffrait de ne pas avoir été entendue. Avec l’aide d’une psychothérapeute et grâce à ma foi en Jésus, j’ai pu la consoler et la guérir.
J’ai aussi réalisé, durant mes années de célibat, que je souffrais de vivre seule. La colocation avec des amis a été pour moi une merveilleuse expérience. Enfin, restait la solitude sentimentale plus ou moins oppressante selon les saisons. Dans les moments de doute et de découragement, j’ai compté sur Dieu et ses promesses pour ma vie. Il m’a permis de continuer à vivre à fond, jusqu’à ce que je rencontre mon mari. Je suis profondément reconnaissante et heureuse de cette rencontre. La solitude que je mettais sur le compte du célibat était liée à tous ces autres paramètres et la surmonter n’est finalement pas uniquement passé par le mariage.

Marion, 29 ans

Publicité