Choisir d’être reconnaissant, c’est choisir la vie

Sortir du quotidien difficile pour apprendre à vivre la reconnaissance les mains pleines de terre, c’est le pari un peu fou qu’a relevé Dylan Oliveira au sein d’une ferme communautaire ouverte à la réinsertion sociale, dans le Jura. Loin d’un concept abstrait ou d’un luxe réservé aux jours heureux, la reconnaissance devient ici une pratique quotidienne, enracinée dans le réel, la relation, et parfois le combat.
Cofondateur de la ferme communautaire de Muriaux, Dylan raconte comment la gratitude occupe une place de choix dans la nature, la communauté et l’accueil des plus fragiles. La reconnaissance y prend en effet des visages très concrets: cycles du vivant, repas partagés, réinsertion sociale. «Voir des personnes blessées retrouver une place et de la dignité en cultivant la terre est une expérience bouleversante», témoigne-t-il. Les personnes se sentent accueillies, dignes de confiance. «Elles effectuent des tâches simples, mais pleines de sens: elle participent à ce qu’on mange à midi, à ce qu’on vend aux clients le soir, à ce qu’on fait pousser pour nos lendemains.»
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Lors de la pause de midi, la reconnaissance prend toute sa profondeur: «Nous commençons chaque repas par une prière de gratitude. C’est une habitude simple, mais puissante.» Pour Dylan Oliveira, lorsqu’on exprime sa reconnaissance pour ce qui est donné chaque jour, «on comprend qu’on est dans dans une dimension qui nous dépasse».
Un choix quotidien
La reconnaissance peut aussi devenir un style de vie personnel, choisi et intégré au quotidien. Pour Théa Passerino, entrepreneuse et coach, vivre la reconnaissance, c’est marcher autrement chaque jour. «Peu importe la saison, la reconnaissance est le parfum d’amour que je porte. Ce n’est ni une technique de bien-être ni un choix émotionnel. C’est une vraie prise de position intérieure. La reconnaissance me garde humble lorsque je suis dans l’abondance et royale dans le manque. Elle me garde vivante.»
Pour sa part, la pasteure Fabienne Pons affirme que la reconnaissance est un chemin de transformation. Elle relie reconnaissance et santé de l’âme, rappelant que cette attitude transforme la perception, rouvre la mémoire de l’amour chez les personnes marginales.
Elle déclare: «La blessure du rejet est un abîme qui ne sait garder les souvenirs de l’amour. Il faut alors apprendre à activer la reconnaissance, qui réveille la flamme de notre mémoire.» C’est ainsi que l’humain a été fait, assure-t-elle. «Et les neurosciences montrent que cela nous rend heureux.» Pour la pasteure, la reconnaissance sucite la joie. Une joie parfois soudaine, comme la pluie après une longue sécheresse. «La reconnaissance n’est pas un “truc chrétien sympa”. C’est une clé. Une porte. Une atmosphère spirituelle.»
David Nadaud

Article tiré du numéro Quart d’heure pour l’essentiel 2025
