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C’est décidé, à Noël, je surmonte mes tensions familiales

© iStockphoto
Noël jette une lumière crue sur les relations familiales. la famille ne représente pas toujours notre sécurité. Entretien avec Anabelle Galvao, psychothérapeute et psychologue clinicienne spécialisée en traumatismes..
Sandrine Roulet

C’est souvent au sein de sa famille que l’on se sent «chez soi». Mais les fêtes de famille ne sont pas toujours vécues dans la sérénité; parfois même on les redoute. Comment se préparer à ces retrouvailles familiales? Et comment combler son besoin d’appartenance si on a vécu une perte (deuil, divorce)? Le point avec Anabelle Galvao.

Le besoin d’appartenance fait partie des besoins essentiels de l’être humain. Qu’est-ce qui permet de se sentir appartenir à un groupe?
Le besoin d’appartenance arrive juste après les besoins physiques et le besoin de sécurité selon Maslow. L’homme n’est pas fait pour être seul. Même s’il peut satisfaire des besoins primaires seul, il a besoin des autres pour aimer, se sentir aimé, pour être reconnu, valorisé, encouragé. Tout cela contribue à la construction de l’estime de soi. C’est l’autre qui me permet de me définir. Sans lui, mon sentiment d’existence se résume à ce que mon corps ressent. C’est lorsque que nous pouvons recevoir et donner aux autres que nous nous sentons appartenir à un groupe.

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Noël est souvent perçu comme une fête familiale. La famille est-elle le seul lieu où on se sent «chez soi»?
La famille devrait constituer le lieu où on peut être tout à fait soi, aimé et accueilli comme nous sommes. Or dans bien des familles, ce n’est pas possible. Les autres groupes d’appartenance sont donc très utiles pour nourrir ce besoin de reconnaissance: groupe d’amis, de loisirs, de parole, d’Eglise, etc. Se sentir «chez soi», c’est avoir la possibilité de faire tomber les masques que nous portons par ailleurs pour être accepté.

Alors que Noël est une fête de paix, pourquoi cette période de l’année fait-elle parfois ressurgir des tensions?
La période de Noël est symboliquement celle qui interroge le plus le don, le pardon et l’abandon. Ces trois notions sont toujours chargées émotionnellement et réactivent les contentieux non réglés. Colère, tristesse et peur continuent d’exister pendant cette période, d’autant plus que l’on va revoir belle-maman qui accapare son fils, tonton Jean qui est incontrôlable lorsqu’il boit, la cousine qui vérifiera si on a pris du poids et la belle-sœur qui répétera qu’elle fait mieux la bûche que nous, etc. La famille n’incarne pas un îlot idéal et le croire reviendrait à nier nos émotions. Noël n’est pas magique comme pourrait le laisser penser ces téléfilms diffusés à cette période. Les blessures non pansées mais pensées depuis nos différentes positions familiales, ressurgissent.

Peut-on se préparer à ces retrouvailles familiales?
Il ne faut pas attendre cette période pour s’interroger sur ce qu’on souhaite pendant ces temps de fête: en profiter pour régler ses comptes ou chercher la paix par le biais du pardon? Attendre de recevoir des autres ce dont j’ai besoin ou moi-même penser à donner? Si l’on est attentif au retentissement du don, du pardon et de l’abandon sur nos relations, alors on s’offre à soi les conditions les plus sereines possibles pour ces fêtes, quoiqu’il arrive. Il n’est cependant pas rare que dans un tel état d’esprit, notre rapport aux autres modifie leurs réactions.

Si on a traversé le deuil d’un conjoint ou un divorce, ce Noël sera forcément différent des autres. Comment ne pas se sentir esseulé?
Le sentiment de solitude peut être très fort dans ces moments. Il ne faut pas hésiter à se manifester auprès de nos proches pour dire: «Je suis seul. Puis-je venir auprès de vous pour les fêtes?» Si cette démarche semble difficile, elle reste simple et les réponses sont souvent positives. Il existe aussi des associations à caractère social qui ont le souci de briser la solitude pendant cette période et qui proposent des repas de Noël.

Propos recueillis par Sandrine Roulet

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