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Bono, une passerelle entre deux mondes

© wikimedia_commons
Dans «Surrender» (éd. Fayard), «Bono», Chanteur du groupe de rock irlandais U2, se livre comme jamais. Coup de projecteur sur un artiste engagé.
David Métreau

Né Paul Hewson en 1960 à Dublin en Irlande, d’un père catholique et d’une mère protestante, l’adolescent a quatorze ans quand cette dernière meurt en 1974. «Les blessures que la perte a ouvertes dans ma vie sont devenues ce genre de vide que j’ai rempli de musique et d’amitié», confie Bono à Mike Cosper, directeur de CT. Avant d’ajouter avec un large sourire «et que j’ai rempli d’une foi toujours croissante». «Dieu est intéressé par les détails de nos vies. C’est ce concept qui m’a fait traverser mon enfance et ma vie d’adulte», écrit Bono dans Surrender (éd. Fayard pour la traduction en français), son autobiographie sortie en novembre dernier.

Derrière la lamentation se cache l’espoir

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En plus du décès de sa maman, cette même année 1974 est marquée par un autre traumatisme. Grâce à une grève de bus, l’adolescent Bono échappe de peu à un attentat à la voiture piégée tuant trente-trois personnes et en blessant plus de 300. Deux années faites d’intériorisation du traumatisme, de terreur et de chagrin passent. En 1976, le groupe post-punk U2 se forme dans la cour d’une école avec Larry Mullen, Bono, The Edge et Adam Clayton. Tandis que les autres groupes de l’époque chantaient leur désespoir avec des paroles évoquant «pas de raison» ou «pas d’avenir», U2 exprimait en chanson des lamentations à coup de «Combien de temps?» ou de «Nous pourrions être comme un», contenant en elle-même l’espoir d’une restauration. Interrogé par Mike Cosper sur ce contraste, Bono répond: «Derrière la lamentation se cache l’espoir. Le chagrin devient une invocation.»

Accepter le paradoxe

Le positionnement personnel de Bono et celui du groupe vis-à-vis de la foi a souvent été source d’interrogation voire de suspicion de la part d’autres chrétiens. U2 a accepté le paradoxe et la contradiction de vivre dans un espace intermédiaire. Cette acceptation a conduit certains à suggérer que le groupe est trop chrétien pour le courant dominant et trop populaire pour les chrétiens. L’engagement de Bono contre l’épidémie de VIH et de sida en Afrique a par exemple manifesté ce positionnement aux limites de deux mondes. Bono s’est ainsi retrouvé dans le bureau du sénateur Jesse Helms qui avait qualifié le sida de «maladie des homosexuels» et s’était opposé à la législation sur les droits civiques pendant des décennies. «Et le voilà, mettant sa main sur ma tête», écrit Bono. Jesse Helms priait pour lui. «Il a les larmes aux yeux et plus tard, il se repentira publiquement de la façon dont il a parlé du sida.»

Plus de 100 milliards de dollars de l’argent des contribuables américains ont ainsi été alloués aux efforts de prévention de la transmission du VIH et à la fourniture de traitements.
«Nous devons espérer que les gens vivront leur foi, plutôt que de simplement la prêcher. Nous devons la prêcher. Si vous êtes un prédicateur, prêchez-la. Si vous ne pouvez pas la vivre, arrêtez.» Finalement, face à sa difficulté à être lui-même, Bono confie: «Au fond, il y a une ancre. Je suis attaché à un rocher et ce rocher, c’est Jésus.»

Mike Cosper de Christianity Today (CT) et David Métreau

Quart d'heure pour l'essentiel

Article tiré du numéro Quart d’heure pour l’essentiel Pâques 2023

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