Les progrès que l’on doit au christianisme
Si aujourdʼhui le continent européen ne semble plus prôner une véritable identité chrétienne, il ne peut ignorer les avancées à plusieurs niveaux que lui ont amenées ses origines.
La protection de la vie
Le caractère sacré de la vie humaine découle de la croyance que lʼhomme a été créé à lʼimage de Dieu. Aux époques grecque et romaine, la vie humaine nʼétait pas considérée comme inviolable et digne dʼêtre protégée. Dans beaucoup de sociétés pré-chrétiennes, les abandons dʼenfants et les infanticides étaient courants, en particulier en cas dʼinfirmité. Le christianisme a contribué à mettre fin à des pratiques tels que le sacrifice humain, lʼesclavage ou la polygamie.
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Lʼhôpital
La charité est encouragée par les enseignements bibliques. Cette valeur chrétienne sʼest développée en hôpitaux, orphelinats, foyers pour personnes âgées et soins aux pauvres, aux affamés et aux sans-abri. Le Code de lʼempereur byzantin Justinien 1er établit dès 529 lʼhôpital comme institution. Cette décision est une conséquence de la spiritualité chrétienne qui prône une assistance ouverte à tous, étrangers, proches, amis ou ennemis. Pendant lʼAntiquité, lʼétranger était souvent vu comme un ennemi et les espaces dʼassistance étaient généralement privés et destinés aux proches des familles. Au Moyen-Age et jusquʼà la période moderne, lʼhôpital ne sera pas dissocié de la religion.
Les universités
Des académies existaient déjà pendant lʼAntiquité chez les Grecs, en Iran ou en Chine. Néanmoins cʼest pendant le Moyen-Age, dans lʼOccident chrétien, quʼapparaissent les premières universités. Elles se développent dʼabord en Italie, à Salerne et Bologne, en France, à Paris et Montpellier, puis en Angleterre avec la création de la très renommée université dʼOxford. A la veille du 13e siècle, la fusion des écoles cathédrales, des écoles monastiques et des écoles privées donne naissance à ces universités, parrainées par lʼEglise. Dans la Genève protestante, cʼest le réformateur Calvin qui fonde lʼAcadémie de Genève qui deviendra ensuite lʼuniversité publique telle quʼon la connaît aujourdʼhui.
La distinction entre le politique et le religieux
Le christianisme a inventé la distinction entre le politique et le religieux, le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Dès le 5e siècle, le pape Gélase 1er est le premier à concevoir, dans une lettre remise à lʼempereur byzantin Anastase, la distinction entre le pouvoir temporel et lʼautorité spirituelle. Dʼaprès Jean-Louis Harouel, professeur émérite à lʼUniversité Paris II, la laïcité serait même une invention «spécifiquement chrétienne».
Lʼabolitionde lʼesclavage
Les chrétiens ont été les premiers dans lʼHistoire à sʼopposer systématiquement à lʼesclavage. Les premiers chrétiens ont acheté des esclaves sur les marchés dans le but de les libérer. Plus tard, au 7e siècle, les Francs, sous lʼinfluence de leur reine chrétienne, Bathilde, représentent le premier peuple à entamer le processus dʼinterdiction de lʼesclavage. Au 17e siècle, les quakers, un courant protestant aussi appelé la Société des Amis, ont été les premiers blancs à dénoncer lʼesclavage pratiqué dans les colonies dʼAmérique et en Europe. La Société des Amis est ainsi la première organisation à prendre une position collective contre lʼesclavage et la traite des esclaves.
La Croix-Rouge internationale
Cette institution dʼaide humanitaire mondialement connue doit son existence au genevois Henri Dunant. Ce dernier, employé de banque puis homme dʼaffaire malheureux, était animé par les valeurs chrétiennes du mouvement protestant dit du «réveil». Il est durablement marqué par le sort réservé aux blessés de la bataille de Solferino et vient en aide aux soldats des deux camps, sans discrimination.
Il fonde le Comité International de la Croix-Rouge, entouré de notables protestants évangéliques. Lʼœuvre lui a survécu. Henri Dunant obtient le prix Nobel de la paix en 1901. Le Comité International de la Croix-Rouge reçoit également le prix Nobel de la paix en tant quʼorganisation en 1917, 1944 et 1963.
La révolution scientifique
Parfois qualifiée à tort de religion anti-science, le christianisme est le terreau de nombreuses découvertes scientifiques. Le sociologue américain Robert K. Merton fait le lien entre la montée du piétisme protestant et les premières sciences expérimentales, qui donnent lieu à la révolution scientifique des 17e et 18e siècles. Les valeurs protestantes encouragent la recherche scientifique et permettent à la science dʼétudier lʼinfluence de Dieu sur le monde. Elles fournissent une justification religieuse à la recherche scientifique, qui a permis des développements en mathématiques, physique, astronomie, biologie ainsi quʼen chimie.
David Métreau