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Mon couple, ma foi – les confessions de Roland Giraud

L’acteur français connaît depuis une année un succès retentissant avec la pièce «Bonté Divine». Il est marié depuis 43 ans avec une comédienne néerlandaise. En 2004, son couple vivait un drame avec l’assassinat de leur fille. Roland Giraud parle de la manière dont son couple influence sa vie et son rôle dans ces temps de souffrance
Natacha Horton

Qu’aimez-vous particulièrement chez votre épouse?
Mon épouse est celle qui m’a fait découvrir ce qui sont aujourd’hui mes références. Mon père était athée, ma mère catholique, mais très tiède. J’étais intéressé par le message évangélique mais je ne pouvais pas m’exprimer puisque je n’en avais pas le droit.

Pendant la guerre d’Algérie, j’ai rencontré un ami militaire qui était aussi prêtre. J’allais à la messe le dimanche dans la caserne. Puis j’ai connu ma femme dans un cours d’art dramatique. Elle était une protestante d’origine hollandaise, d’une famille très rigoureuse mais très accueillante, pleine d’humanité et d’ouverture. C’est la fréquentation de ces gens-là qui m’a dirigé vers cette religion protestante qui me convenait tout à fait. Cela fait maintenant plus de quarante ans que je vais au culte chaque fois que je le peux. Je cherche à vivre ce que dit l’Evangile.

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Tout cela, c’est grâce à elle. C’est une femme admirable. Notre couple tient malgré les aléas de la vie et la quotidienneté du mariage. Ma femme est comédienne. Parfois, nous sommes séparés un certain temps. Mais nous nous respectons ainsi que notre liberté de personnalité. Nous sommes toujours très amis, au sens le plus large et je pense que cela durera.

Quel est à vos yeux le plus grand défi de la vie de couple ?

De rester ensemble, que cela dure longtemps.

Lorsqu’on promet au pasteur ou au curé «pour la vie», c’est difficile. On peut dire : on fera tout ce que l’on peut pour rester ensemble, mais on ne peut pas dire «je t’aimerai toute la vie». Cependant, je n’ai jamais conçu de quitter ma femme, malgré toutes les épreuves que nous avons vécues. Je suis l’un des seuls dans ce cas parmi les amis de ma génération.

Ce qui fait que beaucoup de couples d’autres générations sont restés ensemble toute leur vie, même si ce n’était pas toujours facile, est d’avoir une sorte de complémentarité, liée à de l’amitié et de la tendresse. Aujourd’hui, tout est possible, tout doit être consommé rapidement. Le coup de foudre existe, mais une relation se construit. Même en amitié. Je suis très sensible à la fidélité, qui touche tous les domaines de la vie.

Quel rôle votre couple a joué dans les temps de souffrance que vous avez traversés ?

Essentiel. Je ne sais pas comment cela se serait passé si l’on avait divorcé. C’est à double tranchant. Il est arrivé dans ce genre d’événements que des couples se séparent. Pourquoi ? Parce que les deux souffrent pour la même raison mais pas de la même manière. Cela crée des silences, des divergences qui peuvent aller jusqu’au divorce.

Pour nous, cela était totalement exclu parce que je suis absolument certain que ma fille ne serait pas contente que nous nous séparions à la suite des événements dont elle n’était pas responsable. C’est hors de question. Je respecte trop la souffrance lorsqu’elle est la plus épouvantable qui soit. On ne peut pas en plus ajouter une lâcheté, une attitude qui ne soit pas dans le sens de la réconciliation au sens le plus large du terme.

Si j’avais quitté ma femme, je serais sûrement revenu le plus près d’elle après un événement pareil. Lorsque l’on fait des enfants, on les fait ensemble.

C’est entre nous que nous nous comprenons le mieux, même si les gens sont gentils et nous envoient des messages affectueux. Je suis sûr qu’elle comprend très bien lorsque je ressens des choses et vice-versa. C’est donc naturellement vers elle que je me tourne.

Interview de Natacha Horton

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