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Une épouse qui ne manque pas d’idées

La chronique de Myriam Demierre à l'aube de l'Euro.

Un matin, votre mari vous dit que le salon aurait un besoin urgent d’être réorganisé (cela fait des mois que vous le lui dites, mais qu’il fait le sourd). Toute contente, vous ouvrez les catalogues de meubles et de déco. Lui, il vous montre une pub pour une télé 3D. Allons bon !
Vous faites le poing dans votre poche et décidez qu’il ne vaut pas la peine de vous fâcher pour si peu, puisque Monsieur votre Mari semble animé des meilleurs sentiments : il se met en effet à faire les courses ! Vous êtes toute émue de ce geste inhabituel. Et le soir, quand vous décidez de le récompenser en lui mitonnant un bon petit plat, voilà qu’une cinquantaine de bouteilles de bière menacent de s’écrouler ! Face à votre demande d’explications, Monsieur votre Mari s’explique :
– J’ai fait le ravitaillement.
– Pour  ?
Et lui, vous toisant comme si vous étiez la dernière des ignares : «Y a l’Euro qui commence dans trois jours. T’es quand même au courant ?»
Allons bon, l’Euro ! Vous n’alliez quand même pas agender cet événement anodin dans votre agenda familial ! Et puis il y aura encore les Jeux Olympiques cette année. Après une brève réflexion, vous arrivez à la conclusion qu’entre les JO, l’Euro et le Mondial, toutes les années paires sont décidément pourries, et vous bénissez en silence les années impaires. A cet instant, votre mari remonte de la cave en jubilant, ayant remis la main sur le drapeau national. Vous hésitez à lui proposer de partir camper dans la prairie du Grütli ou devant l’Elysée de mi-juin à mi-juillet, puisqu’il se sent de subites velléités patriotiques.
Mais vous préférez envisager d’autres options de survie : résilier l’abonnement télé pour un mois ; aller travailler quatre semaines dans un alpage ; partir en Norvège ou en Bulgarie, des pays pas qualifiés pour l’Euro et donc épargnés par la folie du foot.
Aucune de ces options ne vous semble réaliste, mais une idée de génie vous traverse l’esprit : vous allez subir en silence… mais vous lui collerez la garde des enfants quand vous partirez à Londres avec des copines pour faire du shopping, ou l’année prochaine quand vous irez voir Roland Garros.

Myriam Demierre, comédienne

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