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La foi est de retour

© Alliance Presse
Les médias et les experts l'observent depuis un certain temps. Notre sondage le confirme : l'intérêt pour les questions religieuses gagne du terrain au sein de la population. Analyse

Un Suisse sur cinq affirme que son intérêt pour les questions religieuses a augmenté au cours des trois dernières années. Selon un sondage MIS Trend commandé par 1/4 d’heure pour Jésus, cet intérêt est resté le même pour une majorité (60 %) de la population, alors qu’il n’a diminué que chez 16,8 % des personnes interrogées. Ce regain d’intérêt pour la foi touche en particulier les jeunes femmes, protestantes et avec enfants ainsi que les personnes croyantes mais d’autres traditions religieuses. Les Suisses alémaniques sont légèrement plus intéressés par ces questions que les Romands.

Pas de désintérêt
Deux petits chiffres revêtent une signification toute particulière: seuls 0,9 % des sondés ne savent pas si leur intérêt pour la foi a augmenté ces trois dernières années et 0,7 % n’ont jamais été intéressés par les questions religieuses. Hansjörg Leutwyler,secrétaire général de l’Alliance Évangélique Suisse, un des mouvements faîtiers du protestantisme évangélique, ne s’attendait pas à de tels chiffres : «Est-ce un raccourci trop rapide de prétendre que 98,4 % des Suisses s’intéressent au religieux ? Quoi qu’il en soit, le sondage confirme que l’ensemble de la population ou presque est touché par ces questions de près ou de loin.»

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De son côté, Olivier Favre, collaborateur scientifique de l’Observatoire des Religions en Suisse, confirme le fossé qui existe entre l’opinion véhiculée par les médias et l’intérêt réel des individus pour le religieux : «Ces chiffres ne signifient pas forcément que la population souhaite voir ces questions sortir de la sphère privée. Mais ils indiquent que des reportages ou des débats sur des questions religieuses dans les médias susciteraient un intérêt réel». Pour le sociologue, cet intérêt pour le religieux est un mouvement de fond, car il ne peut être rattaché à un événement particulier et récent à la portée religieuse ou spirituelle.

Les épreuves de la vie et l’islam
Près de quatre Suisses sur dix (38 %) considèrent que les épreuves de la vie expliquent l’augmentation de leur intérêt pour les questions religieuses. À peine moins (36 %) l’attribuent au développement de l’islam en Occident. C’est le cas en particulier pour les hommes âgés de 45 à 59 ans et de formation supérieure. Les questionnements spirituels personnels sont cités dans 28 % des cas. Ils constituent la première raison invoquée par les Romands (40%) pour s’intéresser au religieux. Pour Olivier Favre, cette différence est également perceptible dans le domaine politique : «Ce sondage atteste que les Alémaniques placent leur identité davantage dans un besoin de sécurité, alors que les Romands cherchent d’abord à donner un sens à leur vie.»

Autre raison de ce regain d’intérêt, l’éducation des enfants. D’après le sondage, c’est le cas pour 17 % des personnes et de façon plus marquée pour celles qui ont entre 30 et 44 ans. Pour Hansjörg Leutwyler, «quelles que soient les circonstances de notre vie, il y a toujours des raisons pour donner du sens à la vie, une orientation ou une consolation».

À quoi servent les religions ?
Pour plus de la moitié des Suisses (58 %), le rôle des religions est de procurer des valeurs et une éthique pour la vie en société. Cette opinion est représentée de façon plus importante parmi les femmes catholiques âgées de 45 à 59 ans. En seconde position, on trouve le besoin de sécurité par rapport aux dangers de la vie, avec une proportion plus marquée chez les 18 à 29 ans. Pour un peu plus d’un tiers des sondés, la religion propose une relation personnelle avec Dieu. Enfin, la religion sert à satisfaire les besoins d’expériences spirituelles (33,2%).

Comparaison internationale
Plusieurs données de ce sondage confirment d’autres études menées en Suisse et à l’étranger. Le retour du religieux se déploie en Europe comme l’a pressenti André Malraux.

À la question de savoir s’ils se définissent comme religieux (pratiquants), les Belges étaient 48 % à l’affirmer en 1990 et 57 % en 1997. Plus marquant encore, les réponses obtenues au Portugal, avec un passage de 61% à 82% durant le même laps de temps.

Les raisons invoquées : le matérialisme n’est pas porteur de sens; les sciences et la technique ne parviennent pas à résoudre les problèmes du monde. Enfin, les problèmes relationnels et les situations de crises personnelles poussent l’individu du XXIe siècle à ses limites.

Valeurs supérieures
Une majorité de la population attend des communautés religieuses (en Europe: principalement des Églises chrétiennes) qu’elles donnent une orientation philosophique et éthique à la société, même si c’est de manière non autoritaire. Ceux qui s’engagent pour le bien commun, politiciens, parents, enseignants, etc. sont reconnaissants de pouvoir s’appuyer sur un fondement solide. Ils recherchent donc des valeurs «plus élevées» que les intérêts immédiats.

Le retour du religieux, une bonne chose?
«Le retour du religieux est une bonne chose», d’après Wolfram Weimer, rédacteur en chef de Cicero, magazine de culture politique allemand très en vue. Dans un ouvrage récent qui a tout d’un credo, il postule un retour en force de Dieu : pas uniquement en tant que discipline philosophique, tradition, conviction ou force spirituelle, mais également dans le champ politique. Il défend l’idée que la laïcisation de la société perd du terrain, «ce qui n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire».

Bienfaits sociaux
Wolfram Weimer salue le retour de Dieu: «La religion renforce l’identité culturelle ; elle permet de surpasser les craintes face à l’avenir, conduit les dictatures à leur chute et constitue une base solide pour les Droits de l’homme et la démocratie. L’offre de pardon et de réconciliation, présente en particulier dans la foi chrétienne, est un élément central pour une résolution pacifique des conflits de notre monde.»

Offrir un lien d’expression à la foi
Et qu’en est-il pour de l’intérêt pour les Églises chrétiennes? Olivier Favre observe que les gens croient et cherchent sans forcément recourir aux Églises. Toutefois, explique-t-il, «lorsqu’ils cherchent à vivre leur foi de façon communautaire, les gens se tournent en majorité vers les Églises qui accordent une place importante à l’expression individuelle de la foi», les communautés charismatiques et évangéliques principalement.

Cité dans un hors-série de Ça m’intéresse, Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération Protestante de France, observe de son côté «des hommes et des femmes, dans la quarantaine, qui entrent dans les Églises parce que les questions qu’on y aborde concernent leur vraie vie et celle de leur famille».

Inutile de chasser le religieux de la société. Car comme le dit le dicton, il reviendra probablement au galop.

(fh/cw)


70% de Suisses favorables à l’enseignement des religions à l’école

Une majorité des Suisses veut un enseignement religieux pour leurs enfants : 73.6% des personnes sondées l’ont affirmé. Un Suisse sur cinq souhaite un enseignement de la seule foi chrétienne. 80% considèrent à l’inverse que ces cours doivent également donner des informations sur les autres religions.

Ce sondage confirme l’importance accordée par les parents à une éducation religieuse. Dans un sondage réalisé par le Monde des religions en France, 65% des Français jugeaient également qu’elle était importante.

Le sondage a été réalisé par MIS Trend pour le compte de 1/4 d’heure pour Jésus. 806 personnes (396 Romands et 410 Suisses-Allemands), âgés de 18 à 74 ans et constituant un échantillon représentatif de la population suisse ont été interrogés entre le 23 et le 27 janvier dernier. Le taux de fiabilité se situe à +/- 3,5% à l’échelle suisse et à +/- 5% à l’échelle de chaque région linguistique.

Jésus est-il vraiment ressuscité?

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