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Le footballeur pasteur

© Alliance Presse
Itinéraire. Oscar Ewolo a toujours vécu ses deux passions à fond : le football au plus haut niveau en France et le partage de la foi qui a changé sa vie, au point de faire de lui un footballeur-pasteur.
Jérémie Cavin

«L’année où Lorient est monté en D1, tous mes coéquipiers sont partis fêter en boîte de nuit. Moi je suis rentré à la maison… Le lendemain, les journalistes m’ont chambré, en disant que j’avais préféré chanter et remercier Dieu». Oscar Ewolo a toujours été un footballeur hors du commun, considéré comme un «extraterrestre». Un joueur professionnel qui devient pasteur en parallèle, cela ne se croise pas tous les jours ! Comment en est-il arrivé là ?

Pas la langue dans
sa poche

Oscar Ewolo n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Sa joie de connaître Dieu, il a toujours eu envie de la crier sur tous les toits. «Très vite après le début de ma carrière professionnelle, j’ai eu la conviction que je devais partager ce que je crois. Je ne pouvais pas dissocier ma vie de foi de ma vie tout court.»
Joueur important de Lorient puis du Stade brestois, le Congolais prend très vite l’habitude de prier avec ceux de ses coéquipiers qui le souhaitent… et de parler de Dieu aux joueurs, aux entraîneurs et aux présidents de clubs. Avec une influence notable sur plusieurs d’entre eux, y compris sur le terrain. Car la volonté d’Oscar Ewolo d’aller vers les autres, son tempérament de leader aussi, permettent souvent à «ses» équipes de connaître une plus grande stabilité et de se mobiliser. D’aucuns n’hésiteront pas à dire que les promotions de Lorient puis de Brest ne sont pas le fruit du hasard…

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Des plateaux-repas
aux SDF

«Cependant, plus que mes paroles, c’est ma manière de vivre qui a interpellé les gens et les a amenés à venir me poser des questions». Donner aux SDF les restes des plateaux-repas distribués dans l’avion, ce n’est forcément monnaie courante…
Qu’on soit bien clair, Oscar Ewolo n’est pas un gars en retrait, austère, incapable de rire, le petit saint auréolé de service. «J’ai cherché à me comporter avec sagesse. Il y a des choses auxquelles j’adhérais, d’autres non. Aller manger ou boire un verre avec les coéquipiers ? Aucun souci». On le croit volontiers, tant la bonne humeur transparaît de sa voix et de son visage.

Il a refusé une offre en or en provenance du Qatar
Mais visiblement, Oscar Ewolo ne se contente pas de parler de Dieu dans les vestiaires. L’idée de devenir pasteur l’a toujours titillé, même s’il pense d’abord attendre la fin de sa carrière. Pourtant, peu à peu, il est convaincu de ne pas devoir attendre. Il implante ainsi l’Eglise «Christ refuge pour tous» à Lorient, alors qu’il joue encore en D1. Une mission qu’il ne lâche plus, même quand un club au Qatar lui fait une offre à 100 000 dollars de salaire mensuel. Au fil des ans, l’Eglise grandit et essaime à Laval, Quimper, Vannes et bientôt Brest.

Une Eglise au contact de la ville
Aujourd’hui, Oscar Ewolo a pris sa retraite en tant que joueur et se consacre à son travail pastoral. Un travail aux multiples facettes, qui ne se résume pas à la prédication et aux cultes du dimanche. «Nous sommes une Eglise au contact de la ville. Nous distribuons notamment des repas dans la rue et aidons les gens dépendants de l’alcool et de la drogue à s’en sortir». Le Congolais voit son Eglise comme un refuge pour tous, sans barrières sociales. «J’ai expérimenté moi-même que Jésus-Christ pouvait être un refuge, celui qui me soutient. Mon désir est que chacun puisse en faire l’expérience, quels que soient son état, ses aspirations ou ses besoins de restauration, puis que chacun puisse devenir à son tour un refuge pour les autres.»
Une vision toute simple. A l’image d’Oscar Ewolo, qui n’a rien d’une ex-star capricieuse centrée sur son petit nombril. Mais même s’il a trouvé sa vocation, l’ancien capitaine du Stade brestois n’a pas résisté à la tentation de venir au secours de son ancienne équipe quand le président du club est venu le chercher. «Il manquait un leader dans l’équipe. J’ai dit oui. Mon rôle est relationnel, je suis une sorte de coach mental. Je rassemble les joueurs et les motive». C’est tout ? Pas vraiment ! «Je leur parle aussi des valeurs chrétiennes». Décidément, on ne le changera pas, Oscar Ewolo !

Jérémie Cavin

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