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La fête à la patinoire des Vernets, ça le connaît!

© Alliance Presse
Portrait. John Glass est l’aumônier de Genève-Servette depuis treize ans. Un «boulot» qui lui permet de côtoyer des gens qui aiment faire la fête et gagner !
Jérémie Cavin

«A Genève-Servette, je fais presque partie de la baraque. Je suis un peu comme le papa des joueurs, voire comme leur grand-père ! Je connais certains d’entre eux depuis dix ans. On s’entend bien». Ces mots ne sont pas ceux du préparateur physique du club ou du vendeur de saucisses, mais ceux de John Glass, aumônier du club depuis treize ans.

Le courant passe avec Chris McSorley
Un jour, ce pasteur genevois reçoit un coup de téléphone des Etats-Unis. On lui explique qu’un certain Philip Anschutz vient d’acheter plusieurs équipes de hockey en Europe, dont Genève-Servette, et qu’il souhaiterait avoir un aumônier pour chacune d’elles. «J’ai trouvé que l’idée de me choisir était ridicule : je n’y connaissais rien au hockey sur glace, et il n’y avait pas d’aumôniers en Suisse.»
John Glass rencontre tout de même Chris McSorley, l’entraîneur, avec qui le courant passe tout de suite. «Il m’a dit : “John, j’arrive à coacher les gars dans le hockey. Mais quand ils vont mal dans la tête, ça se répercute sur le hockey. Toi tu les aides dans le cœur, moi dans le hockey, et on aura une équipe de gagnants”». C’est le début d’une aventure peu commune pour ce pasteur d’origine américaine.

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Sexe, famille et hockey
Pendant les premières années, John Glass se donne à fond, proposant des réflexions basées sur la Bible à qui veut bien l’entendre, sur quantité de sujets : le sexe, la famille, le terrorisme, le hockey. L’occasion de créer des amitiés, de développer un lien de confiance et de répondre à quelques questions existentielles. Il prépare aussi deux hockeyeurs au mariage. Aujourd’hui, John Glass rend visite aux gars chaque semaine : «Je papote avec eux et leur apporte des brownies !». Il leur propose parfois un «Tour de la Réforme» à Genève, et certains viennent écouter les concerts de Noël qu’il organise avec son Eglise.

«Je pensais qu’ils allaient me virer»
Quel message un pasteur peut-il transmettre à des hommes qui semblent avoir une vie de rêve ? La première fois qu’il les a rencontrés, il leur a cité le texte biblique de Marc 8, 36 : «Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ?» et dit ceci : «Vous avez tout ce que le monde offre : vous êtes beaux, jeunes, célèbres, au sommet de votre carrière. Mais ce monde ne peut pas vous satisfaire en profondeur. Moi je suis là pour vous aider si vous avez un trou dans votre âme, qui ne peut être rempli que par Jésus». John Glass sourit : «Je pensais qu’ils allaient me virer, mais je suis toujours là !»

Des hauts et des bas
Il remarque en effet que, loin des paillettes et de la fête, les hockeyeurs sont des hommes comme tout le monde. «Un jour, l’un d’eux m’a appelé pour me dire : “C’est la catastrophe dans mon couple, j’ai besoin d’aide”». L’aumônier constate que ces gars-là ont aussi une pression monumentale sur leurs épaules, une épée de Damoclès au-dessus de leur tête : «Une blessure peut mettre fin à leur carrière. Ils ont parfois la “trouille aux tripes” parce qu’ils n’ont pas le droit de mal jouer. Et puis leur carrière est courte, et le défi est de rebondir une fois qu’elle est terminée.»
John Glass a donc constaté que les hockeyeurs, peut-être plus que d’autres, naviguent constamment entre jubilation et abattement. «La vie de hockeyeur est faite de hauts et de bas très marqués. Il n’y a que la fête qui compte !». Quand l’équipe gagne, la porte des vestiaires est grande ouverte, c’est la musique et la bière. «Mais s’ils perdent, tu n’oses pas mettre les pieds dans le couloir». Au début, John Glass commettait l’erreur de féliciter les joueurs après un match perdu malgré du beau jeu. «C’est le truc à ne pas dire ! S’ils ne gagnent pas, rien n’est bon !»

La vraie fête, c’est…
John Glass propose de prendre du recul par rapport à ces émotions qui font le yoyo en fonction des résultats et des circonstances. Pour lui, la joie ne réside pas d’abord dans ce que la société peut nous offrir, mais dans la relation que l’on peut entretenir avec Dieu. En se confiant en lui, on développe une reconnaissance quand la vie ressemble à une fête et l’assurance qu’il prend soin de nous, même dans les difficultés.
John Glass ajoute que «Dieu nous a aussi donné plein de bonnes choses dans la vie pour que nous en jouissions. Je peux aller au restaurant, voyager, faire la fête et… assister à un bon match de hockey sur glace». Un sport que John Glass, après treize ans au service de Genève-Servette, a appris à apprécier !

Jérémie Cavin

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